Je souhaite partager l'expérience de mon accouchement avec les personnes de la toile car lorsque j'étais enceinte c'est en lisant des témoignages que j'occupais mon temps de grossesse.
Les contractions étaient inexistantes pendant les 8 mois. A 9 jours de la date prévue je ressens comme des crampes dans le bas ventre. Ca fait déjà une bon mois que mon sommeil est insuffisant : 2 à 4h par ci par là... La journée du jeudi avait été fatigante, je me dis que c'est juste des courbatures comme j'ai un peu mal partout en plus.
Le samedi, la "douleur" musculaire s'intensifiait mais restait de l'ordre d'une crampe par vague. Le bouchon muqueux commence à partir depuis le midi. Dans la nuit, j'avais eu une sécrétion vaginale plus importante que d'habitude alors direction la maternité pour vérifier que la poche des eaux ne soit pas fissurée. Résultat : tout va bien, le travail a même commencé tout doucement puisque le col est souple et qu'il s'ouvre à environ 1 doigt. Mais impossible de savoir à l'avance quand sera je jour tant attendu.
Dimanche se passe avec une douleur dans le dos qui m'empêche de dormir. Lundi cette fichue douleur s’intensifie mais reste de l'ordre de toutes les 10-15 min pendant plus de 10h. En fin de matinée j’arrête de suivre le compte car mon compagnon me fait la remarque (plusieurs fois) qu'il trouve ça ridicule de marquer ce genre de chose et que si le travail avait commencé je le saurais forcement.
Je passe ma journée à aller du fauteuil Club au lit, accompagnée de mon plaid en polaire et d'une bouillotte que je réchauffe régulièrement. Je suis incapable de me concentrer sur quelque chose de précis, même pas glaner sur le web. En début de soirée je m'installe définitivement dans le lit, trop fatiguée pour continuer à faire l'aller-retour Chambre-Salon, de plus mon compagnon se prépare pour aller travailler. Il est 21h45, il part. A 22h 28 la poche se perce, même si je dirais qu'elle éclate vu la sensation.
Et là c'est "le drame". Je me mets à trembler, enfin je me sens trembler. La surprise, la joie, la peur, et d'autres sentiments s'entremêlent... Je l'appel pour qu'il revienne, j'appelle la maternité pour notre arrivée.
Nous habitons une petite ville où il y a hôpital et clinique, ils se "partagent" les services. La maternité se trouve à la clinique.
Le service maternité est un couloir, les différentes pièces : une salle d'attente (où on peut trouver un lavabo, et 3 distributeurs), la nurserie, le bureau du personnel du service, les chambres (18 dont 4 ou 6 simple), et certainement 2 - 3 autres pièces qui n'ont pas attiré mon attention. Au bout du couloir ce sont les 3 salles d'accouchement et la salle de travail qui se trouvent après une porte séparatrice.
Ce sont des salles très simples avec ce qu'il est nécessaire d'avoir, aux murs neutres : aucun chichi. On peut apporter de la musique si on veut, mais il faut penser à apporter de quoi la lire; il y a un système son d'installé mais il ne permet que de diffuser la même musique dans les 3 pièces. La salle de travail n'est utilisé que si les salles ne sont pas disponible : pas de place pour se déplacer, lit rudimentaire à réglages manuels et barrières en bois. S'il faut faire une césarienne ça se passe à l'étage; un ascenseur mène au service chirurgie. L'accompagnant n'est pas autorisé à suivre dans ce cas là.
Dans le service, il y a en moyenne 800 naissances par an, soit 2,19 naissances par 24h. Ce soir là, 4 femmes sont passées lors de la garde de nuit : une arrivée au tour de garde de jour, et 3 pendant ce tour de garde (dont moi). Il n'y a eu que 3 naissance de nuit puisque la dernière femme arrivée a fini le travail un peu plus tard dans la matinée.
En arrivant on m'a fait patienter dans la salle d'attente, puis mise dans la salle de travail. Les 3 salles étaient occupées, mais pour une des femmes c'était une fausse alerte et il a donc fallut re-préparer la salle pour moi. La pauvre sage-femme, et le service entier, étaient débordé car ils n'ont pas l'habitude qu'il y ait autant de monde. Elle n'a pas arrêté de s'excuser car elle n'avait pas le temps voulu à me consacrer. Ce n'était pas si grave que ça car mon compagnon est resté à mes côtés, et si on avait des questions elle prenait le temps d'y répondre avant d'aller surveiller les deux autres.
Lors de l'examen d'arrivé, le col est à 3cm; le monitoring nous indique que le bébé va bien. La question "fatidique" arrive : péridurale ? Non, et elle repart. Je n'arrive pas à trouver une position correcte lors des contractions. Elle propose l'utilisation du ballon, je tente. Et puis là en m'accompagnant dans les gestes je constate que lorsqu'il m'appui sur le bas du dos la douleur est un peu moins forte.
Le moment tant attendu arrive : le transfert de pièce peut se faire. Le mal de dos accompagnant les contractions est horrible (j'en ai des sanglots sans larmes parfois) et je demande s'il est toujours temps pour la péridurale. La réponse à l'examen en entrant dans l'autre salle. Passage au pipi-room. Elle m'installe le monito' à nouveau et là il y a urgence dans une autre salle. Je demande à ma moitié de m'installer l'arceau.
Le temps passe, et je me résigne au non pour l'analgésique même si elle n'a pas pu me le dire. Tant pis, c'est ce que je voulais à la base de toute manière. Avec toutes les histoires que j'avais entendu ado et les quelques témoignages lu je ne voulais pas être totalement privée de sensations, même si j'avais aussi lu que la technique avait bien évolué avec les années, et qu'une amie ayant accouchée 2 semaines avant en était contente. L'idée d'un 1er accouchement sans était tellement ancré en moi que j'ai en quelque sorte été soulagée qu'il soit trop tard pour répondre positivement à ma demande. J’accepte volontiers le masque lorsque elle le propose à son retour.
A un moment je vois le gynéco à la porte, par chance c'est le tour de garde de celui qui a fait mon suivit de grossesse.
Comme ça faisait quelques année que je n'avais pas eu un suivit gynécologique (déménagements oblige) j'ai trouvé plus simple de faire mon suivit entièrement à la clinique. De toute façon, j'ignorais qu'une sage-femme pouvait également le faire. Je l'ai appris que plus tard lors d'une réunion organisée par la Sécurité Social, la CAF et la PMI au début de mon 4ème mois. Mais je n'aurais pas pu avoir "ma" sage-femme pour m'accoucher de toute façon. D'ailleurs, ma visite du 4ème mois avec une S-F (celle de la PMI) n'a eu lieu qu'au 6ème. Ça aurait dû être plus tôt mais à cause de la neige on a reporté le RDV. Pour en finir avec la digression S-F, les cours de préparation à l'accouchement ont été fait avec le cabinet de libérales conseillé par la clinique. Elles font aussi les cours de gym à la piscine pour les femmes enceinte (et ayant accouché).
Au bout d'un moment, pas loin de 9cm, la S-F me propose si je veux me mettre sur le côté, je me dit pourquoi pas et change de position. Lors de la visite suivante mon ami lui demande si je vis accoucher "comme ça", et là je crie oui dans une contraction sans lui laisser le temps de répondre car je commence à sentir des poussées (mais je ne le fait savoir que lorsqu'elle me pose la question).
Une petite vérification en présence du gynéco, le col est complètement dilaté et retiré (ou je ne sais plus le terme employé).
La douleur dorsale me gène toujours pendant les contractions. Quelques minutes plus tard, à l'écoute de mon corps, je change soudainement de position pour passer à 4 pattes. Je suis plus à l'aise pour la bascule du bassin. Le gynéco me dit de pousser plus longtemps mais j'ai du mal à "tenir la route". Le bébé arrive puis repart. Je ne sais plus comment le médecin me l'a dit mais ma réponse a été avec humour : "j'aurais dû l'appeler Chanson Populaire. La S-F a voulue savoir pourquoi : car "ça s'en va et ça revient...". Après de longs essai de pousser en soufflant, j’emploie la méthode de la respiration bloquée qui marche mieux pour moi. Mais le dos m’agace toujours. Je demande de l'aide pour savoir la durée des poussées.
Et puis là, je ne sais pas pourquoi, le dos ne me gène plus. Que se soit mon chéri qui m'enlève les cheveux du visage ou la S-F qui maintien le monito' sur mon ventre je ne supporte plus qu'ils me touche. Je pousse, je crie... Je sens le gynéco me faire l'épisiotomie. Il est 3h10, Bébé sort enfin !
Au bout de quelques secondes j'entends son premier cri. La S-F le pose sur mon dos pour l'essuyer. Et le voilà qui apparaît devant moi, posé à la tête du lit maintenu par mon chéri. J'ai le temps de le regarder et de lui faire un bisou sur la joue avant qu'il aille se faire examiner en compagnie de son papa.
Pendant ce temps là, le sang coule. Je me mets sur le dos. Il me recoud et la S-F me nettoie les jambes. La délivrance ne s'est toujours pas faite. Mon chéri est revenu de la chambre (après avoir été déchargé la voiture). On le fait sortir aussitôt. Plus tard, il m'a dit que la salle était un remake de Saw. L’anesthésiste est appelé et on me prépare pour son arrivé. Je respire à grands coups dans le masque.
Le temps passe et le sang coule toujours. Impossible d'estimer la perte car y en a eu pas mal sur le lit. Je me sens bizarre, un peu comme si mes muscles allaient se liquéfier. Je préviens que je ne vais plus pouvoir tenir le masque longtemps. Comme la S-F s'était rapproché à mon alerte, elle a pu réagir dès que j'ai lâché. Le gynéco m'a délivré à ce moment là, sans anesthésie. Je me souviens avoir crié. Ce second accouchement m'a sorti des abimes où je me dirigeai.
L’anesthésiste est là. Un petit échange entre collègue et des réponses à mes 2-3 questions. Je respire dans le masque qu'il me tend pendant qu'il met un produit dans ma perfusion. Retour à la réalité en entendant "elle tachycarde bien", il est 4h30.
Mon chéri rentre dans la pièce en compagnie du p'tit bout. Il me dit qu'il l'a pris en peau à peau pour le réchauffer. Puis qu'il lui a fait son 1er allaitement. Il m'a fallut du temps (environ 3 semaines) pour assimiler que ça c’était une blague. J'ai envie de le prendre contre moi, mais j'ai froid et je tremble. Bébé fini par s'endormir donc la S-F le met dans son lit et le tourne pour que je puisse le voir. Le temps que je reste en surveillance dans la salle correspond à l'heure du changement de garde.
Malgré la complication, pour moi ça reste un bon souvenir. Certainement car :
- la S-F nous, m'a dit que du positif après mon réveil. Par contre je suis incapable de me rappeler de ses paroles.
- et au 3ème jour, "ma" S-F [libérale] est passée me féliciter car c'est encore trop fréquent les femmes qui accouchent en position gynécologique dans cette maternité.